Comment l’infusion manuelle a enrichi mon parcours café
Mon parcours café a commencé dans mon enfance, lorsque je jouais au barista avec la machine à espresso de mariage de mes parents. Ils voulaient des cappuccinos du dimanche matin au lit, et j’étais leur apprenti enthousiaste. Même si je m’intéressais d’abord davantage au lait moussé et au sirop d’érable qu’au café lui-même, cette première expérience a éveillé ce qui allait devenir une passion de toute une vie.
À l’adolescence, le café noir est devenu une coquetterie occasionnelle, inspirée davantage par Twin Peaks que par une véritable appréciation de la boisson. Il y avait quelque chose de romantique à boire un café noir comme l’agent Cooper, même si je n’aimais pas vraiment le goût. La plupart du temps, je me contentais de boissons très sucrées, masquant le véritable caractère du café avec du lait et du sucre.
Ma dévotion à l’espresso s’est renforcée lorsque j’ai trouvé ma première machine chez Value Village, allant même jusqu’à une bataille de tiraillement avec un autre client qui comprenait clairement l’importance de cette trouvaille. Je suis vite devenu le préparateur de café désigné parmi mes amis, expérimentant tout, des cappuccinos maison aux cafés glacés vietnamiens au lait condensé. Mais malgré mon enthousiasme, quelque chose n’allait pas. Mon espresso était souvent amer et agressif, avec un corps mince et aqueux qui nécessitait beaucoup de lait et de sucre pour être buvable. Il m’a fallu des années pour admettre que je n’aimais pas vraiment le café lui-même.
Le tournant est venu lorsque j’ai emprunté un ensemble pour pour-over. Ce qui a commencé comme une solution temporaire en attendant de pouvoir m’offrir une autre machine à espresso est devenu une révélation. La nature plus diluée du café filtre m’a permis de réellement goûter ce qu’il y avait dans ma tasse, au lieu d’être submergé par l’intensité. Soudain, je pouvais identifier des saveurs et des caractéristiques distinctes qui avaient été cachées derrière la puissance concentrée de l’espresso. C’était comme passer des spiritueux au vin – la moindre intensité permettait une appréciation plus nuancée.
La nature indulgente du pour-over le rendait aussi plus propice à l’expérimentation et à l’apprentissage. Contrairement à l’espresso, où de petits changements pouvaient transformer radicalement la tasse, l’infusion lente offrait une courbe d’apprentissage plus douce. De petits ajustements de technique entraînaient des différences notables mais pas drastiques, facilitant la compréhension de l’impact de chaque variable sur le résultat final. Le prix abordable de l’équipement était un avantage supplémentaire – le bon café ne nécessitait plus un investissement à quatre chiffres.
Cette nouvelle clarté m’a conduit à Pop Coffee Works, où un café issu d’une macération carbonique naturellement gazéifiée a complètement redéfini ma vision du café. Sans l’intensité accablante de l’espresso, je pouvais apprécier son effervescence unique et son profil aromatique distinctif. Ce café m’a montré jusqu’où il est possible de repousser les limites du café lorsque l’on dispose des bons outils pour l’apprécier.
Ironiquement, ce parcours à travers l’infusion manuelle m’a ramené à l’espresso – mais cette fois avec une appréciation plus profonde. Même si j’apprécie maintenant les deux méthodes, le pour-over reste mon préféré. Son accessibilité, sa courbe d’apprentissage clémente et sa capacité à mettre en valeur les subtilités du café en font la méthode idéale pour réellement comprendre et apprécier ce qui se trouve dans votre tasse. Le rituel méditatif de la préparation n’est qu’un bonus à ce que le pour-over fait de mieux – laisser le café révéler son vrai caractère, une extraction douce à la fois.
Auguste Fortier
Directeur du café et des opérations
Mikko Coffee Roasters